Concilier les besoins des abeilles mellifères et une agriculture durable

abeilles mellifères et agriculture durable

Fin novembre, les résultats du projet de recherche InterApi ont été exposés par l’Itsap-Institut de l’abeille et ses partenaires lors d’un colloque de restitution sur le thème « Créer un territoire conciliant les besoins des abeilles mellifères et les enjeux d’une agriculture durable ».

Aujourd’hui, les surfaces en fleurs dans les zones de grandes cultures ne suffisent pas à la constitution des réserves nécessaires à la survie des abeilles en hiver. Partant de ce constat, le projet InterApi a étudié l’intérêt des cultures intermédiaires mellifères (Cim), en zone agricole céréalière, pour produire le nectar et le pollen dont les abeilles ont besoin pour passer l’hiver. L’expérimentation, réalisée sur deux ans dans quatre zones situées en Beauce, a consisté à suivre le devenir de colonies d’abeilles, leur état de santé, sur des sites avec Cim et sur des sites témoins (sans Cim).

Les couverts végétaux d’automne se développent pour répondre aux objectifs réglementaires (directive nitrates, verdissement de la Pac), mais également du fait de leurs intérêts agronomiques, écosystémiques ou sociétaux. Les Cim apparaissent comme un levier essentiel pour améliorer la santé de l’abeille et la pollinisation des cultures.

Rôle confirmé des cultures intermédiaires mellifères

Les résultats des expérimentations menées indiquent que l’introduction de Cim à proximité des colonies leur permet de diversifier les réserves en pollen et d’accroître leur capacité à renouveler à l’automne la population d’ouvrières sur lesquelles repose la survie hivernale. Les Cim jouent donc un rôle majeur pour la survie des abeilles pendant l’hiver.

Le projet InterApi a donné lieu à un ensemble de préconisations concernant l’implantation de Cim. Elles doivent être implantées dans un rayon de 1,5 km autour des ruchers à raison de 1 ha par colonie minimum. Un outil d’aide à la décision du choix des espèces est disponible sur le site du projet InterApi mais de manière générale, les mélanges composés d’espèces à floraison précoce sont à privilégier. Il est préférable de réaliser les semis le plus tôt possible après la moisson. Un modèle, développé par Arvalis et l’Inra, prend en compte les données météo sur 20 ans, le besoin en température semis-début floraison et un nombre de jours favorables au butinage de minimum 20 % par semaine, pour déterminer les périodes d’implantation optimales des Cim. En parallèle, il apparaît nécessaire d’éviter l’exposition de ces insectes aux produits phytosanitaires.

Arguments et préconisations

InterApi propose également un livret d’argumentation et de préconisations à destination des conseillers agricoles présentant l’intérêt du renforcement des ressources polliniques et nectarifères dans les paysages céréaliers au travers de différentes pratiques et un livret pédagogique d’appui pour les enseignants posant les bases techniques et scientifiques relatives au maintien et au rôle des abeilles mellifères et sauvages dans les agro-écosystèmes céréaliers.

Contexte – La filière apicole connait ces dernières années d’importantes difficultés dont les causes sont multiples (maladies, parasites, pesticides, climat défavorable, carence alimentaire…). Dans cette situation, les notions de durabilité des systèmes de production végétale et de durabilité des systèmes apicoles sont parfois opposées. Le projet InterApi, réunissant des scientifiques et acteurs du développement de ces deux secteurs agricoles, a permis d’instaurer un dialogue entre les apiculteurs et les cultivateurs afin que chacun comprennent le métier de l’autre, les interactions existantes entre ces deux filières et d’envisager des solutions techniques à bénéfice réciproque.

Source : Par Hélène Baudet pour Terre-Net