Histoire de la bougie

L’histoire des bougies est fascinante ! La bougie a été inventée au milieu du 19ème siècle, à la différence de son ancêtre la chandelle, dont les premières traces remontent environ à 3000 ans avant J.C. Sa fonction principale est d’éclairer. La bougie est également une ancienne unité de mesure qui fut remplacée par le Candela. (Le Candela est une unité de mesure utilisée pour représenter une quantité d’éclairage, autrement dit une intensité lumineuse).
Sur le plan terminologique l’appellation « bougie » est réservée à un instrument fait exclusivement de cire d’abeille. Les bougies, naturellement de couleur jaunâtre, peuvent aussi être blanches si la cire qui les constitue a été blanchie par une exposition au soleil de plusieurs jours, voire semaines. Les bougies blanches ont un coût encore plus élevé que celui des jaunes, et elles sont presque exclusivement utilisées dans les palais royaux. Le mot « chandelle » est donc réservé aux instruments faits de suif.

Bougies faites à la main

Pendant des siècles, il était coutume d’utiliser du jonc fendu pour fabriquer des chandelles. Trempé dans de la graisse animale ou végétale, le jonc était mis à durcir un certain temps. Ensuite on l’utilisait en le faisant brûler dans des brûle-joncs.

La première étape de fabrication d’un cierge ou d’une bougie tourne autour de la préparation de la mèche, qui sera réalisée en fonction du calibre et de l’usage de la bougie. Par la suite, on place les mèches sur un manège constitué de plusieurs plateaux supportant eux-mêmes des dizaines de bougies. On trempe ensuite les mèches dans un bac de cire et on les laisse épaissir le temps de fabriquer les autres. On recommence ainsi l’opération jusqu’à obtenir la taille voulue. Les bougies traditionnelles prennent environ 1/2 heure à réaliser alors que les cierges pascals nécessitent une journée de fabrication. La forme conique se fait toute seule.

En Occident, à partir du Moyen Âge, la chandelle rivalise avec la lampe à huile. Cette dernière a l’inconvénient de réclamer une attention constante : il faut la remplir régulièrement, couper et remonter la mèche qui charbonne et nettoyer l’huile qui coule. La chandelle, seulement constituée d’une mèche entourée de suif de bœuf ou de mouton, est plus pratique sans être excessivement chère (mais elle est taxée et l’huile reste plus économique). De plus, elle n’implique plus le risque de renverser du liquide ni de devoir ajuster la flamme ou remplir le réservoir. Seulement, le suif coule et graisse les doigts, la flamme demeure souvent jaune et fumeuse. Par ailleurs, il faut constamment entretenir la mèche, qui, elle, finit irrémédiablement par charbonner.

La noblesse et le clergé s’éclairaient avec des chandelles en cire d’abeille alors que le peuple se contentait de l’éclairage au suif. Le cierge de cire conserve les avantages de la chandelle et en élimine les défauts. Seulement, seule la haute société pouvait se permettre d’en acquérir en raison de son coût élévé.

La durée d’apprentissage de fabrication des chandelles était alors de six ans. Tout individu arrivant à Paris, qui voulait entrer dans le métier, devait prouver qu’il avait effectué ces six années de formation. Les maîtres chandeliers formaient corporation en diverses villes : celle de Londres était importante. Celle de Paris faisait remonter à Philippe 1er ses premiers statuts. Enregistrés par Etienne Boileau, ils furent dissous en 1392 puis à nouveau en 1464. En 1428, les chandeliers de cire eurent de nouveaux statuts spéciaux. Au XVII° siècle, ils se réunirent en une seule corporation avec les huiliers-moutardiers. 12 chandeliers suivaient alors la Cour du Roi.

La fabrication et la vente des chandelles était l’objet d’une surveillance scrupuleuse de la part des quatre Jurés du métier. Les cierges de cire étaient beaucoup plus réputés que les chandelles de suif : elles éclairaient mieux, brûlaient plus lentement et ne sentaient pas mauvais.

En 1372 le Prévôt Hugues Aubriot étendit les tâches des Jurés à l’inspection des suifs « dont l’en fait ou pourrait faire chandelles », en les motivant par un intéressement aux amendes.

La principale duperie en matière de chandelles de suif consistait à mélanger de la graisse de bœuf avec des graisses de diverses origines. Les statuts des chandeliers de suif interdisaient clairement ces pratiques.

L’amende de cinq sous et la perte des objets falsifiés était rigoureusement appliquée : « Fause oeuvre de chandoile de suif, » dit l’article 14, « est trop domacheuse chose au pauvre et au riche, et trop vilaine. »

Quand un bourgeois voulait faire faire des chandelles chez lui, le maître devait venir en personne pour procéder à cette besogne. S’il envoyait un de ses ouvriers, il était passible de l’amende. Chaque maître pouvait avoir deux colporteurs pour vendre ses marchandises dans la rue.

L’origine du mot « bougie » provient de « Bugaya », ville d’Algérie située en Kabylie maritime, qui fournissait une grande quantité de cire pour la fabrication des chandelles. La bougie telle que nous la connaissons fut fabriquée au milieu du 19ème siècle et se différencie de la chandelle à cause de sa matière première et de mèches de coton tressé. Le tressage permet à la mèche de se courber et de se consumer lentement : inutile alors de la moucher.

Comment la bougie brûle-t-elle ?

Le principe du fonctionnement de la bougie utilise le phénomène d’auto-alimentation :

Une bougie est constituée d’un bloc de cire ou de paraffine dont le centre est traversé par une mèche, en coton par exemple.

Lorsque l’on allume la bougie, l’air surchauffé fait fondre la cire tout autour d’elle. Cette cire fondue monte le long de la mèche par capillarité car la cire fluide a tendance à monter le long de la mèche jusqu’à proximité de la flamme.

Cette cire fluide s’évapore puis se mélange alors à l’air et certaines de ses molécules forment un gaz combustible. Celui-ci est brûlé par la flamme, ce qui permet de l’alimenter.

Pour que la flamme soit entretenue, il faut que la température du milieu qui brûle soit suffisante.

La flamme est éteinte quand on souffle suffisamment fort dessus car le souffle crée un courant d’air froid qui refroidit l’environnement de la flamme, la cire refroidissant plus vite que la chaleur de la flamme ne le réchauffe. La température devient alors inférieure à la température de combustion et la flamme s’éteint.

La bougie de nos jours

La bougie constitue toujours une source de lumière de dépannage, mais ses utilisations ordinaires ne sont pas de l’ordre de l’utilitaire, elle est fréquemment utilisée en décoration et pour la diffusion de senteurs. On trouve également des bougies flottantes pour les jeux de lumière et des bougies représentant des personnages, des fleurs, fruits etc…
Elle symbolise les années écoulées sur les gâteaux d’anniversaire ou sert de décoration des sapins de Noël.

Elle crée aussi l’intimité lors d’un dîner aux chandelles, au restaurant ou chez soi, à moins qu’elle ne se multiplie sur les lustres et les chandeliers dans les reconstitutions historiques ou les réceptions.

Son emploi est toujours de mise dans les rituels religieux (on parle alors de cierge) comme le cierge pascal chrétien et elle participe à l’éclairage des cérémonies. La piété catholique est également toujours utilisatrice des bougies allumées en accompagnement d’une prière, tout particulièrement quand elle est adressée à la Vierge Marie ou à des saints : le geste de faire brûler un cierge en remerciement perdure très largement.

En savoir plus !

En 1783, le chimiste suédois Carl Scheele (1742-1786) avait, dans le cadre de ses recherches sur le savon, fait bouillir de l’huile d’olive avec de l’oxyde de plomb et obtenu une substance au goût sucré qu’il avait appelée Ölsüss et que l’on connaît maintenant sous le nom de glycérine.

En 1823, le chimiste français Michel-Eugène Chevreul (1786-1889), poussé par cette découverte, découvrit que ce ne sont pas les corps gras qui se combinent avec l’alcali pour former le savon, mais qu’ils sont d’abord décomposés en acides gras et en glycérine (ou glycérol). Chevreul est ainsi à l’origine de la théorie de la saponification. Ces deux éléments seront à la base d’une industrialisation massive de la bougie et du savon. Désormais, savonniers et ciriers appartiennent à la même corporation, dont Nantes devient la capitale. Aujourd’hui encore, 80 % de la production française de bougies provient de la région nantaise.

L’apparition de la paraffine solide (distillation du pétrole) et de la stéarine (extrait de graisse animale et végétale) permet désormais la production de bougies de meilleure qualité (mais qui restent tout aussi polluantes).

La petite histoire de l’expression : “économiser des bouts de chandelles”.

Jadis les chandelles qui éclairaient les endroits sombres avaient une grande valeur.

C’est pourquoi, dans les demeures bourgeoises, le personnel de maison avait l’habitude de rassembler les restes des chandelles, et de les revendre à un cirier pour qu’il en refasse de nouvelles.

Vu par les riches, cette récupération semblait mesquine, ridicule et l’économie correspondante insignifiante. Ceci suffit à expliquer le sens de l’expression, mais aussi à comprendre pourquoi elle implique, la plupart du temps, une connotation de moquerie.

Mythologie

La plus connue, si ce n’est la plus ancienne, histoire faisant référence à la cire d’abeille est l’histoire d’Icare qui utilisa de la cire pour seller ses ailes et s’évader, avec son père Dédale, du labyrinthe où Minos les avait enfermé. Malheureusement Icare ne respecta pas les consignes de son père et s’approcha trop près du soleil. La cire fondit et Icare s’abimât et mourut en mer.