
Mais oui, il y a des ruches à Roland-Garros… Il y en a même une sur la Place des Mousquetaires, à l’endroit (hors-tribunes) le plus fréquenté du site. Et il n’y a aucun problème; elles vont bien, et les spectateurs aussi…
L’écologie est un souci permanent pour les organisateurs du tournoi, et pour la Fédération Française de Tennis. Trier les déchets, réduire l’impact carbone, et… attirer l’attention du public sur la disparition progressive des abeilles, ce sont quelques-uns des chevaux de bataille de l’épreuve de la Porte d’Auteuil.
Il y a plus de 240.000 abeilles en ce moment, à Roland-Garros. Et il y en a donc 80.000 sur la Place des Mousquetaires, à l’intérieur d’une oeuvre d’art, une sorte de cheminée de 4 mètres de haut. Cette sculpture s’appelle “Contemplons le Ciel”. Elle est imposante, mais discrète. Pas mal de spectateurs ne la remarquent même pas, et ignorent qu’elle est “habitée”.
Pour en arriver là, il a fallu convaincre. Philippe Peyrat, le délégué de la Fondation ” Engie “, qui est à l’initiative du projet : “Pour tout vous dire, lorsque nous sommes venus avec cette idée, le service de sécurité de Roland-Garros était paniqué à l’idée d’avoir 80.000 abeilles sur la Place des Mousquetaires, là où il y a autant de public. Mais elles partent butiner sur 3000 hectares, tout autour de Roland-Garros. Elles ont donc un point de ralliement, leur ruche. Et c’est ici qu’elles produisent leur miel. Les choses se passent très bien, on n’a pas eu de piqures.”
Il n’y a pas que cette ruche-là à Roland-Garros. Il y en a 4 autres, près du Court Suzanne Lenglen, au-dessus du Club des Loges. Des dizaines de milliers de petites bêtes, dans des ruches qui elles, sont là en permanence. Les jardiniers du stade ont reçu une formation et sont aussi devenus apiculteurs. Ils sont ravis, toutes les abeilles de Roland-Garros sont très productives. Et du miel devrait être récolté dimanche prochain, le jour de la finale masculine. “Pour nous, tout cela est une très jolie occasion de faire vivre la biodiversité, à la fois de manière événementielle pendant le tournoi, et surtout de manière pérenne. Pour sensibiliser les gens, et montrer comment un tournoi peut être un vecteur, pas seulement d’émotion, mais aussi de responsabilité et d’engagement.”
Pourquoi faut-il sensibiliser le public sur le sort des abeilles ? Parce qu’elles sont en danger. Et qu’à cause de cette situation, l’homme l’est aussi. “Nicolas Hulot le disait, la planète peut très bien se passer d’humanité, mais l’humanité ne peut pas se passer de planète. Vous avez des petits curseurs, qui sont la mesure de la biodiversité. Si celle-ci disparaît, c’est l’homme qui est en bout de chaîne, et qui tôt ou tard, devra disparaître. Je crois qu’on assiste à une prise de conscience générale et salutaire. On se rend compte qu’on peut corriger les choses. C’est par des petits engagements comme celui-là qu’on peut y arriver.”
Installer une ruche en pleine ville, cela se fait de plus en plus, et c’est simple. “Nous, ce qui nous a intéressés dans ce projet-là, c’est que ce n’est pas un gadget. C’est une vision à long terme, une vision artistique, et une vision responsable. Les abeilles survivent beaucoup plus en ville. Elles vont trouver beaucoup plus de biodiversité dans la ville que dans les campagnes, qui sont très polluées par les pesticides. Dans la ville, vous avez une grande variété de plantes, sur les balcons par exemple, ou dans les squares. Et les abeilles vont aller les butiner. Une autre chose très importante, c’est la réintroduction des reines. C’est ce que l’on fait, et on arrive donc à reconstruire des ruches.”
Les gens ignorent souvent que les abeilles sont en danger. “La prise de conscience est salutaire. Maintenant, on va pouvoir vraiment lutter, et développer toute une série de projets. Y compris à la campagne, où il s’agit de promouvoir à nouveau la biodiversité, de prendre garde aux ruches, de faire attention aux reines, aux colonies, à la manière dont les abeilles se reproduisent et à la façon dont elles sont traitées.”
L’installation des ruches de Roland-Garros fait partie d’un plan global de protection de l’environnement. La Fédération Française de Tennis est attentive au développement durable et à la biodiversité. Viviane Fraisse est chef de projet “Responsabilité Sociétale”, à la FFT. “Avec notre Opération Balles Jaunes, 1.500.000 balles de tennis sont recyclées chaque année, et transformées en sols sportifs, offerts à des structures sociales ou solidaires. Nous avons aussi une vraie démarche environnementale de réduction de notre impact lié aux transports. La Fédération organise beaucoup de compétitions, et nous participons à des programmes destinés à calculer l’impact-carbone et à optimiser les transports. On essaie également de traiter les déchets produits par notre sport. Le premier, c’est la balle de tennis, mais on travaille aussi sur les autres déchets que nous produisons en tant qu’organisateurs d’événements.”
Les choses bougent, petit à petit… “On est dans un programme d’amélioration continue. Aujourd’hui, on a une vraie stratégie de responsabilité sociétale, qui est, par exemple, structurée autour du tri et des transports, pour le tournoi de Roland-Garros. On assume notre impact, qui est forcément assez important puisqu’on déplace beaucoup de spectateurs et qu’on produit beaucoup de déchets. Aujourd’hui, on recycle 25% de nos déchets. On essaie d’aller plus loin, de viser les 30% l’année prochaine. On a de plus en plus de spectateurs qui viennent avec les transports en commun, on fait tout pour les encourager et pour les sensibiliser. Et ils sont effectivement de plus en plus nombreux, chaque année, à venir en transports peu impactants pour l’environnement. Le but, c’est de rester humbles, d’y aller pas après pas. Une démarche de développement durable, cela se structure vraiment au fur et à mesure…”
Source : RTBF