
À la fin de l’automne, il arrive que les abeilles réduisent sensiblement l’ouverture du trou de vol de la ruche avec la propolis.
Elles se calfeutrent pour lutter contre l’hiver.
Quel est ce curieux « matériau » avec lequel les ouvrières colmatent les fissures de leur demeure, consolident les rayons, bouchent les interstices entre les cadres, enduisent les parois internes de la ruche ? Un ciment ? Pas seulement ! Avec ce même produit les « gardiennes » momifient le corps des intrus (petits rongeurs, chenilles etc.) tués à l’intérieur de la colonie et trop lourds ou trop volumineux pour être évacués à l’extérieur.
Quel est ce curieux « matériau » avec lequel les ouvrières colmatent les fissures de leur demeure, consolident les rayons, bouchent les interstices entre les cadres, enduisent les parois internes de la ruche ? Un ciment ? Pas seulement ! Avec ce même produit les « gardiennes » momifient le corps des intrus (petits rongeurs, chenilles etc.) tués à l’intérieur de la colonie et trop lourds ou trop volumineux pour être évacués à l’extérieur.
Célèbre dans la médecine populaire des premiers siècles, la propolis est peu à peu tombée dans l’oubli, pour réapparaitre brusquement ces dernières décennies avec une telle force que l’on a très souvent tendance, aujourd’hui, à lui prêter les vertus d’une nouvelle panacée… Après la gelée royale : la propolis !
Inutile d’insister sur le ridicule d’une telle attitude, cette soudaine adoration pour ce que l’on a brûlé n’a pas grand sens. Ni cet « excès d’honneur, ni cette indignité », voilà semble-t-il ce que mérite la propolis, avec aussi une saine curiosité, un réel désir de mieux connaitre de produit de la ruche, afin de mieux apprécier les services qu’il peut nous rendre.
« Ciment » de la ruche, la propolis se présente comme une substance dure, friable, mais, comme la cire d’abeille, facilement malléable à partir d’une certaine température (35 degrés Celsius environ). Elle fond à 70 degrés. Sa couleur peut varier : jaune clair, brun, vert foncé, noir. Elle a un goût légèrement amer et une odeur de cire et de résine.
On a longtemps cru qu’elle était « produite » par l’abeille, à partir d’une digestion du pollen. En fait, les spécialistes semblent s’être aujourd’hui mis d’accord sur sa provenance : elle serait « récoltée » sur les bourgeons de quelques arbres comme le bouleau, l’aulne, le sapin, le chêne, le frêne, le peuplier. Après adjonction de certaines sécrétions salivaires qui en transforment les caractéristiques, la propolis est « prête à l’emploi » pour les besoins de la colonie.
Nous avons vu qu’elle servait essentiellement à améliorer l’isolation thermique de la ruche, à réparer les rayons défectueux mais aussi à « tapisser » les parois des cellules avant la ponte : ses propriétés antiseptiques protégeraient les larves. Mais nous y reviendrons.
Depuis que l’on a redécouvert ses « qualités », la propolis est à nouveau en vente dans le commerce. Les apiculteurs la récoltent en la détachant (par raclage) des cadres et des parois de la ruche. On procède à cette opération à une heure fraîche, afin que la propolis ne « colle » pas trop au bois et se détache plus facilement par petite plaques. Reste que, bon an, mal an, cette récolte est plutôt maigre : de 50 à 300 grammes par an et par ruche, et cela, compte tenu d’un certain nombre de facteurs qui incitent plus ou moins l’abeille à « propoliser » : température ambiance, situation de la ruche par rapport à la « matière première » (arbre sur lesquels les abeilles récoltent), etc.
Composition
Il existe, comme pour la gelée royale, des substances encore aujourd’hui mal déterminées et qui entrent dans la composition de la propolis. L’analyse chimique n’en est donc pas encore totalement aboutie. Cependant, on peut donner les indications suivantes concernant les éléments qui la composent, en tenant compte, bien entendu, qu’il s’agit là, comme nous l’avons déjà souligné pour le miel et le pollen, d’un dénominateur commun, ou, plutôt, d’une « composition commune », puisque la qualité des sources de récolte diffère : chaque essence d’arbre possède des valeurs propres. En moyenne, la propolis se compose de :
– Résine : 50 %
– Cire : 25 à 30 %
– Pollen : 5 %
– Matières diverses : 5 %

Propriétés essentielles
Les propriétés reconnues de la propolis le sont depuis quelques décennies d’expérimentations de ce produit. Elles rejoignent dans la plupart des cas les vertus que lui reconnaissaient les médecines anciennes. Après les études réalisées en Roumanie en URSS, en Bulgarie, en Espagne… et en France (cf. en particulier les travaux du docteur Lavie : Traité de biologie de l’abeille, Masson, 1968), on reconnait à la propolis de très sérieuses propriétés :
Antibactériennes
C’est-à-dire qui empêchent la croissance des bactéries ou les détruisent. « Ce pouvoir antibactérien (…) est dû aux substances antibiotiques, la galangine et la pinocembrine, isolées en 1964 et en 1969 par Lavie et ses collaborateurs. » Ainsi, durant la guerre des Boers, à la fin du siècle dernier, on utilisait la propolis pour soigner les blessures : « En ces temps reculés, écrit Alain Caillas, on ignorait évidemment les antibiotiques et, sans les plaies, beaucoup de blessés seraient morts par infection. Il faut donc supposer que la propolis a les mêmes propriétés que la pénicilline par exemple. ». D’autres témoignages abondent dans l’histoire pour confirmer l’emploi de ce produit de la ruche dans les soins aux inflammations, plaies ou suppurations. Pline, Aristote, Avicenne en font état dans leurs écrits. Elle faisait également partie, semble-t-il, du « pansement individuel » des légionnaires romains en campagne !
Anesthésiques
« L’action anesthésique de la propolis est très puissante, écrit le docteur A. Castel, dans un article déjà cité. Elle est 3,5 fois plus forte que celle de la cocaïne et 52 fois plus forte que celle de la procaïne… De plus, on observe un effet synergique de la propolis et de la procaïne, pouvant aller jusqu’à 14 fois celui de la procaïne seule. »
Cette propriété, conjuguée avec l’action cicatrisante et antibiotique de ce produit de la ruche, en fait actuellement, dans certains pays, une arme efficace dans l’arsenal thérapeutique des affections bucco-dentaires. Rappelons que cet emploi remonte en fait à la fin du XIIème siècle, si l’on en croit certains traités de médecine de la Russie d’alors : « A la propolis, on ajoute un peu d’arsenic, de lentille rouge, de millefeuille, de teucrium. Le produit est broyé et passé au tamis. Ensuite, bien mélangé et appliqué dans la dent malade. »
Cicatrisantes
Nous avons parlé de son action sur les plaies et les affections cutanées en médecine « populaires » où on l’employait sous forme d’onguents et de baumes. Voici donc les principales propriétés de la propolis. Bien que ce produit entre « officiellement » dans la composition de certains médicaments, dans quelques pays étrangers, elle reste, en France, d’une utilisation « parallèle » aux prescriptions pharmaceutiques classiques, même si un certain nombre de représentants du corps médical s’intéressent de plus en plus aux produits de la ruche. Les réticences ont la vie dure dans ce domaine comme dans tous les autres.

La propolis et la santé
Les propriétés thérapeutiques d’un tel produit sont réelles, mais pas encore suffisamment cernées et codifiée. Son emploi dans un certain nombre de pays devrait malgré tout nous apporter un minimum de confiance. Ses qualités antibiotiques, anti-inflammatoires, cicatrisantes, et son absence de contre-indications majeures (à l’exception de certaines allergies à réactions cutanées que l’on rencontre chez quelques apiculteurs et qu’il convient évidemment de traiter en conséquence) en font un « remède » ou un adjuvant thérapeutique non négligeable dans :
- Les affections bucco-dentaires
- Les manifestations telle que pharyngites, angines, rhinites
- Les affections cutanées : blessures, plaies, brûlures – coups de soleil y compris ! – abcès…
On trouve actuellement la propolis dans le commerce (magasins spécialisés en diététique et en produits naturels, ou directement chez les apiculteurs) sous des formes diverses, soit en :
- Pâte : cette préparation est à conseiller pour tout ce qui concerne les affections bucco-dentaires ou O.R.L. On conseille dans ce cas de mastiquer – durant 30 minutes environ 1 à 3 grammes de propolis. A renouveler trois fois dans la journée, durant une à deux semaines.
- Poudre ou granulés : à conseiller pour les affections digestives ou urinaires – colites, cystites. Mêmes indications que précédemment. A prendre mélangé à un peu d’eau.
- Pommade : à conseiller pour les brûlures, abcès, coupures, petites plaies, furoncles. En application externes : 1 à 3 fois par jour.
La propolis à usage diététique se trouve également associée au miel, au pollen, ou à la gelée royale. On variera les doses de cet « aliment » en fonction de la composition du mélange.
« Elle retire les aiguillons et ce qui est entré dans la chair;
elle réduit les enflures et ramollit les durcissements de la peau.
Elle diminue les douleurs nerveuses, guérit les ulcères, abcès, furoncles… »
Pline
extraits de La Santé par le miel par Jean-François Chèzeries (LDP)