Le ministre de l’agriculture Stéphane Travert favorable au retour des pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles.

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Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, s’est dit favorable ce lundi matin au retour des pesticides de type néonicotinoïde en agriculture car pour certaines cultures, “il n’existe pas de produit de substitution”. Mais Nicolas Hulot, qui ne veut faire “aucune concession”, affirme que les interdictions ne seront pas levées.

« Nous avons la volonté de gérer les impasses techniques », explique Stéphane Travert, le nouveau ministre de l’Agriculture. « Il y a des produits estimés dangereux qui sont retirés. Mais d’autres, dont nous ne connaissons pas la dangerosité, qui n’ont pas de produits de substitution ». Voilà comment Stéphane Travert a justifié ce lundi matin sur RMC-BFMTV son souhait d’autoriser l’utilisation de certains pesticides de type néonicotinoïde en agriculture. La radio s’était en effet procuré un document de travail interministériel, datant de mercredi dernier, qui évoquait ce retour possible des néonicotinoïdes, pourtant accusés de décimer les abeilles.

« Pas conforme au droit européen »

« Nous ne sommes pas en conformité avec le droit européen », estime Stéphane Travert. Les députés français ont en effet voté l’interdiction de ces pesticides, avec des dérogations possibles jusqu’en 2020. A compter de cette date, tous les néonicotinoïdes seront interdits en France. Mais les normes européennes ne sont si exigeantes et les agriculteurs français seront donc lésés, en terme de concurrence, par rapport aux autres producteurs européens qui eux continueront d’utiliser ces produits. L’Union européenne envisage néanmoins d’interdire une partie de ces pesticides.

« Le président Macron avait dit qu’il ne reviendrait pas sur cette interdiction », s’agace Jean-Jacques Bourdin. « Il a même dit : Ce qui est mauvais pour les abeilles est mauvais pour l’homme ». Le ministre de l’Agriculture assure que la dangerosité de certains néonicotinoïdes n’est pas forcément avérée et que ces produits doivent faire l’objet d’études sanitaires.

« Nicolas Hulot est contre »

« Nicolas Hulot est contre », lui rétorque le journaliste de RMC. « Nous allons discuter avec mon collègue ministre », répond Stéphane Travert. « L’arbitrage n’est donc pas rendu ? », lance Jean-Jacques Bourdin. « Non, c’est ma position. Je suis un homme de compromis, pas de compromission. Je veux travailler sur le sujet avec mon collègue Nicolas Hulot ». En dernier ressort, « c’est le Premier ministre qui arbitrera ».

Nicolas Hulot a aussitôt réagi : « les interdictions de néonicotinoïdes et épandage aérien ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens », a déclaré M. Hulot dans un tweet. « Dès lors que la santé est mise en cause, je ne veux faire aucune concession », a-t-il redit un peu plus tard dans la matinée, devant la presse en marge d’un déplacement à Lyon.

Sur le retour de l’épandage aérien, dont il est également question dans le document de travail interministériel, Stéphane Travert avait confirmé dans son interview que la question était déjà tranchée : « Il n’y aura qu’une seule dérogation possible : les épandages aériens seront autorisés uniquement en cas de crise sanitaire grave et à condition de ne présenter aucun risque pour la population et les agriculteurs ».

« Aucune concession », confirme Hulot

Interviewé en marge d’un de ses déplacements, Nicolas Hulot a enfoncé le clou : « Ma ligne est simple : il ne faut faire aucune concession. On ne reviendra pas sur des acquis. Les arbitrages sont faits. Je vais en débattre avec le ministre de l’Agriculture ».

Src: Ouest-France