Le varroa débarque sur l’île de la Réunion

Une percée dans la lutte contre le varroa

Bête noire des apiculteurs sur tous les continents, le voici maintenant dans les ruchers de La Réunion. Le parasite Varroa, mortel pour les populations d’abeilles, a été découvert ce jeudi 4 mai 2017 dans les ruches sentinelles du lycée Leconte de Lisle à Saint-Denis, gérées par le Groupement de défense sanitaire (GDS). Un arrêté préfectoral a été publié dès le samedi 6 mai, 48 heures après la découverte du parasite. Il interdit la transhumance et le déplacement des colonies d’abeilles jusqu’à nouvel ordre. La commercialisation du miel n’est pas interdite Jusqu’ici, les ruches à La Réunion faisaient partie de l’un des rares territoires au monde à être épargné par la varroose, maladie transmise par cet acarien qui n’est pas dangereux pour l’homme.

La nouvelle est quasiment passée inaperçue en raison de l’échéance présidentielle de ce week-end et pourtant, l’arrivée de cet acarien dans les ruchers de l’île a de quoi inquiéter la filière apicole péi. Le varroa destructor, acarien transmettant la maladie de varroose, a été détecté dans les ruchers sentinelles de Saint-Denis le 4 mai dernier. Ce parasite infecte très rapidement les colonies d’abeilles, ce qui peut entraîner une perte considérable pour les apiculteurs.

L’acarien, qui vient se greffer sur le corps de l’abeille adulte mais aussi sur ses larves, attaque son système immunitaire et entraîne déformation, paralysie et mort de l’insecte. Face à la crainte que représente l’installation du varroa dans les ruches de l’île, un arrêté préfectoral a été promulgué le 6 mai dernier, interdisant formellement la transhumance et le déplacement des colonies d’abeilles jusqu’à nouvel ordre. “Le déplacement de ruches, peuplées ou non, des abeilles, des reines, le déplacement de produits d’apiculture et de matériel d’apiculture” est également interdit, indique l’arrêté. Seul le déplacement des hausses (plaques – ndlr) pour la collecte de miel reste autorisé, puisque le produit n’est pas impacté par le parasite et la maladie qu’il propage.

Des mesures d’urgence prises par les services sanitaires

Les apiculteurs ont pour consigne de prévenir dans les plus brefs délais les services de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt en cas d’observation de l’acarien. Les ruchers infectés ont été placés en zone de confinement, en vue de leur destruction. Deux autres secteurs ont été définis par la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF).

Il s’agit en l’occurence d’une première zone de protection s’étendant sur un rayon de 5 km et englobant la zone de confinement. Dans le périmètre de cette dernière seront effectués “un recensement des ruchers et des ruches, un examen clinique de toutes les colonies par un agent chargé du contrôle sanitaire visant à mettre en évidence la présence du Varroa destructor et une enquête épidémiologique quel que soit le statut sanitaire (sain ou atteint) des ruchers et ruches concernés” selon les précisions de l’arrêté préfectoral.

Une troisième zone, de surveillance cette fois, dans un rayon de 10km de la zone de confinement, fera l’objet d'”un recensement des ruchers et des ruches, d’un examen clinique de toutes les colonies par le détenteur, qui fait appel à un agent chargé du contrôle sanitaire en cas de doute et d’une surveillance aléatoire assurée par un agent chargé du contrôle sanitaire”. A noter que le miel n’est pas impacté par ces mesures, ni sa commercialisation.

Si les acteurs de la filière se sont réunis autour de la DAAF ce mercredi soir, les services sanitaires du GDS ne cachent pas leur inquiétude, d’autant plus que la présence du parasite est “forcément liée à l’importation d’abeilles, ce qui est formellement interdit à La Réunion” souligne Olivier Esnault, vétérinaire épidémiologiste et spécialiste de l’apiculture au sein du Groupement de défense sanitaire.

Pour l’heure, le temps est au recensement des ruches pouvant potentiellement être touchées par le parasite. La DAAF et le GDS en appellent aux professionnels pour les aider dans leur cartographie. Ce mercredi, seules les ruches de Saint-Denis étaient concernées par le varroa. Mais ce parasite et le virus qu’il transporte sont extrêmement contagieux.

En effet, la varroose se transmet via la piqûre du varroa mais aussi par contact direct entre les abeilles et lorsque celles-ci couvent et nourissent leur larve. Le virus qui attaque les adultes jusqu’à la mort et provoquent des malformations sur les jeunes abeilles peut détruire jusqu’à 90% de la colonnie parasitée.

Les apiculteurs de l’île, qui ont contacté la Chambre d’agriculture “sont très inquiets” note Jean-Bernard Gonthier, son président. Il appelle à “punir celui ou celle qui a introduit les abeilles malades à La Réunion” et se dit prêt à “organiser un plan de demande d’indemnisation si cela devait être nécessaire.”

A La Réunion, la production de miel avoisine les 150 tonnes par an. Insuffisante pour la consommation locale, qui atteint les 300 tonnes par an, l’apiculture est également fragilisée depuis la crise du Chikungunya en 2006 car l’usage des insecticides a impacté les populations d’abeilles.