
Des traces de Roundup ont été trouvées dans le miel aux États-Unis..
Des experts du Québec s’inquiètent que l’herbicide le plus populaire dans le monde soit transporté par les abeilles du champ à la ruche, laissant des traces deux fois plus élevées que la normale dans le miel aux États-Unis.
«C’est inquiétant parce qu’on essaie de ne pas utiliser de produits chimiques dans notre miel, mais on en retrouve quand même sans pouvoir le contrôler», mentionne Mario Leclerc, apiculteur à la Miellerie Prince-Leclerc à Saint-Agapit, sur la Rive-Sud de Québec.
La Food and Drug Administration, l’équivalent de Santé Canada aux États-Unis, a retrouvé des traces de glyphosate dans tous ces échantillons de miel testés. Des miels dépassaient même du double la limite de l’Union européenne.
Comme le glyphosate n’est pas utilisé dans la production le miel, ce seraient donc les abeilles qui, en pollinisant une fleur ou en se baignant dans une rivière infectée, transporteraient l’herbicide jusqu’à la ruche.
«On a la preuve évidente de l’absorption du produit par les insectes pollinisateurs en concentration assez élevée pour qu’on en retrouve ensuite dans le miel», précise Nicolas Derome, professeur en biologie à l’Université Laval.
Le glyphosate réduirait la vitamine A des abeilles, indispensable à leur croissance et à leur vision, selon une étude.
Nouvellement testé au Canada
Le glyphosate se retrouve notamment dans le fameux Roundup, l’herbicide le plus utilisé dans le monde. Au Canada, il est surtout épandu dans les champs de maïs et de soya, mais aussi dans les vergers et souvent en bordure des autoroutes et des chemins de fer.
Il ne serait donc pas surprenant d’en retrouver aussi dans notre miel, selon les experts consultés par Le Journal.
«On applique ce pesticide de façon importante et c’est préoccupant de voir que l’on multiplie encore plus les voies d’exposition», s’inquiète Nadine Bachand, d’Équiterre.
Le glyphosate ne faisait pas partie des pesticides testés dans les aliments dans les plus récents rapports du Programme national de surveillance des résidus chimiques (PNSRC) publiés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Par ailleurs, l’Agence a indiqué au Journal que le glyphosate a récemment été ajouté dans la liste des pesticides analysés et qu’il se retrouverait dans le rapport 2015-2016 dont les résultats devraient être publiés prochainement.
L’Organisation des Nations unies a classé le glyphosate comme «possiblement cancérigène».
Source : par
MARIE-ÈVE DUMONT pour JournaldeMontreal