Les habitants de la ruche : l’Abeille ouvrière

Les abeilles valent 143 milliards d'euros. Presqu'autant qu'Apple !

Une serie d’article par Charlotte Dumas, publiés sur son site Des Goûts et des Couleurs. 3 jours 3 articles sur les habitants de la ruche. Aujourd’hui : l’Abeille ouvrière.

Après la Reine – mère des abeilles, le deuxième personnage de la ruche à découvrir est l’abeille ouvrière. Elle n’est pas une habitante de moindre catégorie, puisqu’elles sont des milliers et possèdent un des rôles les plus importants de leur communauté. Insomniaques, stakhanovistes, véritables Shiva à 6 pattes et quatre ailes, ce sont elles les véritables héroïnes de la ruche, ne nous y trompons pas  !

De patientes et soigneuses constructrices, maniaques, à la fibre maternelle, aventurières, loyales et dévouées jusqu’au sacrifice ultime. Elle n’attendent rien de plus en retour de leur altruisme sans limite que le gîte, le couvert et l’intégration dans une communauté fraternelle.

Une abeille ouvrière née entre mars et septembre vit 25 jours en moyenne, contre près de 6 mois pour les abeilles dites « d’hiver », nées au début de l’automne. Celles-ci ont en effet un rôle très important à jouer en s’occupant de réchauffer la Reine pendant la période d’hivernation, lorsque celle-ci aura interrompu sa ponte. Les générations ne se renouvelant plus, les abeilles d’hiver bénéficient d’une plus grande longévité en attendant la naissance de leurs jeunes soeurs de printemps et d’été qui prendront alors le relais.

Les ouvrières n’ont pas toutes les mêmes liens de parenté au sein de la colonie. En effet, la Reine peut être fécondée lors de son vol nuptial par jusqu’à 25 mâles. Leur sperme est mélangé dans la spermathèque. La Reine produit tout au long de sa vie des oeufs hétérogènes, fécondés par le sperme de mâles différents. Une ouvrière peut avoir une pleine soeur (oeuf issu du même père et de la même mère) ou bien une demie-soeur(oeuf issu d’un père différent mais de la même mère).

Morphologie

De l’oeuf à sa naissance, le développement de l’abeille ouvrière dure 21 jours, soit 5 jours de plus que celui de la Reine et 3 jours de moins que celui des faux-bourdons.

La répartition des tâches dans la ruche se fait sur une base physiologique.

L’ouvrière est une femelle à l’appareil génital atrophié. Ses ovaires sont fonctionnels mais inhibés par les phéromones de la Reine.

L’ouvrière possède de grandes capacités d’adaptation physiologique ainsi que des organes très spécialisés. Sa langue – très développée – permet la récolte du nectar au fond des corolles des fleurs.

La langue de l’abeille © Charlotte Dumas

Ses pattes arrières sont munies d’un panier à pollen et facilitent le transport de la propolis.

Son appareil vulnérant sert à la défense de la colonie.

Ses plaques cirières produisent la cire pour construire les alvéoles. Ni la Reine, ni les faux-bourdons n’en sont munis.

Les glandes hypopharyngiennes des ouvrières secrètent des substances destinées à nourrir les larves (notamment la fameuse gelée royale, destinée à nourrir toutes les larves de moins de trois jours et les princesses durant les 16 jours de leur développement).

Chez les abeilles plus âgées, ces glandes produisent des enzymes impliquées dans la maturation du nectar, permettant sa transformation en miel.

Elles possèdent aussi des glandes labiales et mandibulaires qui secrètent la phéromone d’alarme qui rassemble les abeilles ouvrières « soldates » lors de dangers potentiels. Laglande de Nasanov produit – elle – une phéromone utilisée lors de l’essaimage pour rassembler les abeilles et assurer la surprenante cohésion de l’essaim en vol.

L’organisation du travail

L’évolution de l’activité depuis l’intérieur vers l’extérieur du nid est une tendance générale des insectes sociaux, classification dont font partie les abeilles.

Une abeille ouvrière est capable d’effectuer durant sa vie tous les différents rôles nécessaires à l’organisation et à la survie de la colonie: nettoyage des cellules, alimentation du couvain, operculation du couvain, soins à la Reine, soins aux ouvrières, alimentation des adultes, ventilation, construction et entretien des rayons, réception du nectar, amassage du pollen, stockage du nectar, gardiennage, butinage. Les abeilles meurent ainsi en dehors de la ruche, lors d’un dernier voyage.

Le comportement des ouvrières évolue en fonction de leur âge et des besoins de la ruche. Les butineuses participent à la régulation du ratio nourrices/ butineuses grâce à la production de l’hormone juvénile, qui retarde le développement des nourrices et les poussent ainsi à rester plus longtemps à l’intérieur du nid.

Source: DG&DC