
Des scientifiques ont peut-être trouvé d’étonnants assistants dans notre lutte contre les déchets plastiques : les larves de la fausse teigne de la cire qui ont un faible pour les sacs en plastique.
Les chercheurs de l’Institut de biomédecine et de biotechnologie de Cantabrie, en Espagne, ont découvert une espèce de chenille capable de digérer les sacs en polyéthylène que nous trouvons encore dans les commerces et la nature, offrant une stratégie potentielle pour s’attaquer à un composant majeur des décharges de notre planète.
L’origine de la découverte est due à un heureux hasard, lorsque Federica Bertocchini, responsable de cette recherche et apicultrice à ses heures, à remarqué des chenilles dans une de ses ruches (où elles ont tendance à manger la cire d’abeille). Elle les a retirées pour les placer dans un sac en plastique. Quelques heures plus tard, les chenilles de la fausse teigne de la cire (Galleria mellonella) avaient formé des trous.
En enquêtant sur la découverte, l’équipe de Bertocchini s’est rendu compte que les chenilles ne mordent pas seulement le plastique, elles le digèrent et le convertissent en éthylène glycol, un liquide incolore et inodore utilisé à l’échelle industrielle dans la fabrication de tissus en polyester et d’antigel.
Bien que modérément toxique pour les humains, l’éthylène glycol est beaucoup moins nocif pour la planète que le polyéthylène à partir duquel il est dérivé.
Les scientifiques ne connaissent pas encore les mécanismes précis par lesquels les larves de la mite décomposent le plastique, mais soupçonnent fortement que cela soit le résultat d’adaptations qui ont évolué pour permettre aux espèces d’occuper cette niche écologique si particulière.
Selon Bertocchini :
La cire est un polymère, une sorte de “plastique naturel”, et elle a une structure chimique non différente du polyéthylène.
Les fausses teignes de la cire posent leurs œufs dans les nids des abeilles, et les chenilles qui viennent d’éclore se régalent de leur cire. Les chercheurs suggèrent que la conversion de la cire d’abeille et du polyéthylène en nourriture pourrait impliquer la rupture de liaisons chimiques similaires.
La découverte de cette prédilection des fausses teignes de la cire pour les plastiques fait suite à une étude chinoise de 2014 qui a trouvé les mêmes capacités dans les chenilles de la Teigne des fruits secs (Plodia interpunctella), squattant également les ruches.
Les précédents travaux, menés par Jun Yang de l’université Beihang, à Pékin, ont révélé que les larves pouvaient digérer le polyéthylène grâce à la présence de deux espèces de bactéries intestinales, baptisé Enterobacter asburiae YT1 et Bacillus sp. YP1.
Les deux études contredisent l’idée que le polyéthylène n’est pas biodégradable et elles indiquent une potentielle solution biologique aux grands problèmes engendrés par les trillions de sacs en plastique estimés être utilisés chaque année.
Bertocchini, cependant, fait une mise en garde sur le fait que la découverte soit considérée comme la seule réponse disponible, en précisant :
Nous prévoyons de mettre en œuvre cette découverte comme un moyen viable de se débarrasser des déchets plastiques, en travaillant vers une solution pour sauver nos océans, nos rivières et tout l’environnement des conséquences inévitables de l’accumulation du plastique.
Cependant, nous ne devrions pas nous sentir légitimés de jeter volontairement du polyéthylène dans notre environnement simplement parce que nous savons maintenant comment le biodégrader.
Les sacs plastiques en polyéthylène de faible densité prennent environ 100 ans pour se décomposer complètement, tandis que les plus résistants/ épais peuvent prendre encore plus de temps.
L’étude publiée dans Current Biology : Polyethylene bio-degradation by caterpillars of the wax moth Galleria mellonella.
Src: Gurumed