
Incroyable, voilà déjà 10 ans qu’Apis Cera a été fondé.
Jamais je n’aurai pu imaginer que cette aventure durerai au delà de quelques mois et pourtant, me voilà, une décennie plus tard à rédiger ces lignes.
En 2012, je travaillais en tant que webdesigner dans une agence parisienne. J’habitais en face du magnifique jardin du Luxembourg (mon préféré !) et tous les matins, je me rendais en vélo sur mon lieu de travail dans le 9ème arrondissement, rue de… Provence – cela ne s’invente pas !
À l’époque, entre mon métier et mes loisirs de geek, je passais pas mal de temps devant des écrans. Pourtant, j’ai toujours été de nature manuelle et ne rien « faire » (comprendre « fabriquer » quelque chose de physique) de mes deux mains commençait sincèrement à me manquer dans mon quotidien très numérique.
C’est un jour de septembre 2012 que tout a changé. Dans l’optique d’offrir un cadeau à un proche, j’ai commandé des bougies en cire d’abeille sur internet. Lorsque j’ai reçu le paquet à la porte de mon petit studio, j’ai ressenti un double choc. Tout d’abord, l’odeur de la cire m’a aussitôt replongé dans l’enfance. En effet, je me souviens encore de la petite bougie en cire d’abeille décorative en forme de ruche qui était posée sur le secrétaire de ma Maman. Je passais mon temps à la prendre dans mes mains pour la sentir. Mmmh, ma madeleine de Proust à moi ! Ensuite, l’emballage des bougies était franchement laid et vraiment peu attrayant ! Il s’agissait d’un vulgaire carton pour six bouteilles de vin dont le contenant était protégé par du papier journal froissé… digne du Boncoin ou de Vinted.
Aussitôt, j’ai pensé qu’il était dommage de proposer de si délicates bougies dans un packaging aussi négligé ! En y regardant de plus près, j’ai réalisé que les bougies n’avaient pas l’air très compliquées à fabriquer : une feuille de cire gaufrée (je découvrais le mot) et une simple mèche de coton (je vous passe les détails de mon parcours du combattant pour trouver la bonne !). Une petite recherche Google plus tard et j’étais désormais propriétaire de quelques feuilles de cire et d’une belle bobine de mèche. Après quelques essais, le résultat était plutôt satisfaisant et égalait largement les bougies que j’avais achetées quelques semaines plus tôt.
Au fait Google, comment dit-on “cire d’abeille” en latin ? Apis Cera ? ok ! le nom de domaine est-il disponible ? ok !
Je réserve donc ApisCera.com ApisCera.fr et ApisCera.be (au cas où).
Bon, tout ca c’est très bien, mais j’ai un travail à temps plein la journée et les weekends je les occupe plus à être dehors que dedans.
Apis Cera ? Plutôt pas mal comme nom ! C’est international, cela se dit facilement pour un anglais, un français ou un allemand, cela commence par un « A » (youpi, à moi le haut des listings !), aucune autre marque n’a un nom qui s’y rapproche, donc pour le SEO (optimisation des mots-clefs sur les moteurs de recherche) c’était tout benef’.
Par la suite, ma mission principale consistait à trouver une façon de sécuriser les bougies dans une boîte qui pourrait également servir de boîte d’envoi. Il me fallait alors plusieurs éléments : du papier de soie, j’en achetais quelques rouleaux chez Gibert Joseph, une carte de visite (merci VistaPrint !) et une simple boîte. En essayant plusieurs combinaisons possibles, je réalisais rapidement que trois bougies disposées sur trois bougies sur trois bougies, représentaient une jolie « brique » facile à emballer dans du papier de soie et à glisser dans une boîte de forme classique.
Je cherchais ensuite un fournisseur pour fabriquer une centaine de boîtes sur mesure (à plier moi-même) puis m’attaquais au design de l’étiquette à coller sur la boîte. C’était les début de la communication un peu retro, facon StarWax & compagnie. Je trouvais un imprimeur en face de chez moi, situé rue Monsieur Le Prince et décidais de passer le voir après avoir déposé mon linge à la laverie un peu plus haut dans la rue. Impec’ !
Ni une ni deux, je faisais imprimer 30 feuilles autocollantes A4 avec trois étiquettes sur chaque feuille. Assez pour faire 90 boîtes de bougies ! Quand j’y repense, c’était un peu de la folie d’avoir autant de boîtes et d’étiquettes chez moi. À ce stade de l’aventure, j’avais dû dépenser environ 120€ pour les boîtes, environ 100€ pour la cire et la bobine de mèche, 30€ pour les noms de domaines et l’hébergement puis quelques dizaines d’euros pour les cartes de visites ainsi que le papier de soie.

Je me retrouvais donc avec tout ce matériel entreposé dans ma penderie, un nom de marque et un produit « quasi » terminé. Il ne me restait plus qu’à créer un site internet pour concrétiser l’aventure et effleurer l’espoir de vendre quelques boîtes.
Après de longues heures devant mon écran, ApisCera.com commençait enfin à prendre forme (une seule page au début). Je plaçais un logo en haut de la page d’accueil (il y en aura 18 variantes en 10 ans), j’ajoutais une photo de 900px de large de ma boîte de bougies (qui n’avait pas encore de nom à l’époque), un petit texte explicatif et un gros bouton PayPal.
L’attente pouvait commencer. Ou plutôt l’oubli, car à ce moment-là, je travaillais toujours à plein temps. Sans trop y penser, je continuais de vivre ma vie de tous les jours, jonglant entre mon travail, mes collègues, mes sorties, mes voyages etc.. Ce n’est que trois semaines plus tard qu’un mail de PayPal s’invitait dans ma messagerie m’annonçant le virement d’un illustre inconnu. Mon premier client !
Mon premier client !
À partir de là, se posait la question de l’envoi. Comment faire ? La Poste, bien entendu ! Heureusement, un bureau de Poste se situait juste derrière chez moi, rue de Cujas.
Je m’appliquais alors consciencieusement à remplir le bordereau Colissimo (le premier d’une loooooongue série – heureusement aujourd’hui, j’ai tout automatisé !) avec un bic graisseux accroché au bout d’une chainette au guichet. Merci à Stéphane M, qui a été le premier à passer commande sur mon site, le 12 Novembre 2012, pour une « boîte de 9 bougies ». (Je l’ai contacté il y a quelques jours et lui ai envoyé une boîte de Lucienne pour le remercier).
Apis Cera, le développement naturel.
En 2013, je déménageais à Bruxelles pour travailler en tant que webmaster chez Louis Vuitton. Un super boulot dans une super ville avec de super collègues (poke PEF, Pascal, Kelly et Diane), autant dire que les bougies n’étaient plus ma priorité mais malgré tout, l’activité continuait en « toile de fond ».
Depuis le premier modèle de bougie que j’avais finalement baptisé Lucienne en référence à la racine latine du mot : « Lux » qui signifie « Lumière », j’avais depuis sorti un autre modèle prénommé Ambroise, en référence au saint patron des apiculteurs, saint Ambroise. Pour être honnête, je ne cherche jamais très loin pour choisir les noms de mes produits, j’essaye avant tout d’aller à l’évidence.
Les loyers bruxellois me permettant d’avoir un logement de 100m2 pour le même prix que mon studio à Paris, je disposais de bien plus d’espace (à remplir), ce qui me permettait d’agrandir mon espace de travail et de produire plus de bougies sans avoir à tout ranger derrière moi à chaque fois. Je commençais par avoir besoin d’une petite étagère Billy au bout du lit d’invités dans la salle à manger que je troquais rapidement pour quelques étagères HEJNE.

Ici je roule des bougies sur ma table de salle à manger, le soir en regardant l’excellent film de John Favreau « Chef ».

En 2018, Apis Cera occupait de plus en plus mes soirées et mes weekends. Difficile alors d’avoir un CDI à temps plein la journée, et un deuxième job très prenant tout le reste du temps. Il allait bientôt falloir faire un choix. C’est donc à ce moment là que la page Bruxelles se tournait doucement et que mon aventure allait continuer au soleil : direction la Provence !
Objectif soleil ! On plie bagage et on déménage dans le sud de la France ! (On voit l’ancien logo sur cette boîte).
Je ne connaissais rien à la Provence, en dehors de l’idée que je m’en étais fait à travers les films et les livres (Marcel Pagnol, Peter Mayle, Jean Giono… etc.) ainsi qu’au cours de mes séjours estivaux à l’Isle sur la Sorgue ou dans le Luberon.
Me voilà alors à Rognes, petit village au nord d’Aix-en-Provence, dans une maison de vacances inhabitée en hiver. J’ai tout de suite installé mon atelier au rez-de-chaussée, dans une belle cave voutée, c’était très atypique et j’étais ravi de ce nouvel espace.


Tout provençal que j’étais à présent devenu, Apis Cera continuait de son côté à croitre en terme de ventes et en terme de visibilité. J’ai notamment eu le privilège de faire un partenariat avec l’hôtel du Crillon pendant plusieurs années. J’ai également été distribué au Bon Marché puis chez Merci à Paris. De très belles commandes autour du monde sont tombées au fur et a mesure.
En avril 2019, je déménageais pour de bon à Aix-en-Provence et investissais un nouvel atelier. Cette fois-ci, je prenais mes quartiers dans une double petite remise de trois mètres sur trois mètres, assez basse de plafond, et non isolée. Mais j’étais ravi de mon petit espace dédié ! Je m’y sentais bien et m’y installais véritablement. Plusieurs journalistes ou photographes sont d’ailleurs venus me voir dans ce tout petit espace, bravo à eux ! (poke Raina Stinson et Franck Schmitt).






Aujourd’hui, les quantités de cire que j’utilise sont nettement plus importantes qu’à mes débuts. Je maîtrise également mieux la fabrication des bougies, l’emballage, la communication, bref je m’épanouis dans tous ces domaines variés qui forment ensemble une marque complète.








Ici, je découvre les techniques de l’envoi de palettes ! Moment très stressant pour moi à l’époque.
En Février 2022, je déménageais, encore, dans un nouvel atelier de 30 mètres carrés, rien que pour Apis Cera !
Je me faisais alors plaisir et divisais l’espace en plusieurs sections. Je m’installais un vrai coin bureau sur un joli tapis persan, un espace pour l’expédition et un autre plus grand pour la production. Pour organiser l’espace, je me suis inspiré de 1924US (Christian et Elle-May Watson) et Sarah et Kiel James Patrick. Je tiens beaucoup à ce que mon espace de travail soit beau. Il faut que je m’y sente bien ! Après une grosse commande chez Ikea et quelques jours de montage et le tour était joué.





Dix ans…! Dix ans pour passer d’un petit bout de bureau dans mon studio parisien à un espace confortable et entièrement dédié à mon activité, au coeur de la Provence. Durant cette incroyable décennie, j’ai créé de nombreux produits et d’autres sont encore en cours de préparation. J’ai eu la chance de réaliser de beaux beaux partenariats avec la maison Chaumet (LVMH), les champagnes Boizel ou encore My French Country Home (Sharon Santoni). Mais j’ai aussi eu la chance d’obtenir de belles parutions dans des livres et des magazines prestigieux, de participer à un podcast ou à une émission radio (en direct !).
Bref, une magnifique aventure qu’il m’aurait été impossible de prévoir il y a dix ans ! Moi qui ne faisait cela au départ que pour m’occuper les mains et m’amuser, je gère aujourd’hui ma petite marque, reconnaissant de l’engouement que cela a provoqué.
Et voilà que dix ans plus tard, me voici assis à mon bureau, un soir d’octobre 2022, à me remémorer mon histoire à travers ces quelques lignes. J’espère alors que la lecture de ce parcours vous aura intéressé ou inspiré. En tout cas, j’ai eu beaucoup de plaisir à me replonger dans toutes les grandes étapes d’Apis Cera et à ressortir quelques images inédites des débuts.
À très bientôt pour de nouvelles aventures !
Charles, fondateur d’Apis Cera