
A Bruxelles/Ixelles il existe 384 espèces d’abeilles sauvages. Mais l’attention est toujours concentrée sur l’abeille mellifère, cette espèce domestiquée qui produit le miel. Pour démontrer l’importance des autres rayées sur la biodiversité de nos villes, l’ULB inaugure un véritable «village des abeilles», petit paradis de creux et anfractuosités où vont nicher des centaines de butineuses.
«84 % des cultures d’Europe dépendent des pollinisateurs. On insiste beaucoup sur le rôle des abeilles mellifères pour polliniser les pommes et poires de nos régions. Mais dans cette tâche, les abeilles sauvages sont bien plus efficaces».
Chercheur en évolution biologique et écologie à l’ULB, Nicolas Vereecken est un peu l’ange gardien des abeilles sauvages. Au sein de la Faculté des Sciences de l’ULB, il pilote le «village des abeilles», sorte de projet immobilier dernier cri destiné aux hyménoptères. Construite de bois et pierres creux et de sol de copeaux, cette chambre d’hôtes pour couples d’abeilles et leur famille cumule rôles pédagogique, scientifique et de conservation.
«Les parcs, pas le paradis pour les abeilles»
«Bien sûr, on va observer les comportements des abeilles. Mais le village a aussi un rôle paysager : il devrait inciter à initier des architectures urbaines qui donnent plus de place à la verdure et à la biodiversité. On entend dire qu’on a beaucoup de verdure à Bruxelles. Mais est-elle synonyme de biodiversité? La Cambre, par exemple, est loin d’être un paradis pour les abeilles, avec ses pelouses interminables. Où sont les fleurs, là-bas?»
Supporter des innombrables abeilles sauvages qu’il observe depuis 10 ans, le chercheur estime qu’elles devraient davantage compter dans l’opinion pour leur indéniable rôle sur le stress environnemental croissant et la survie des plantes sauvages. Des villes comme des campagnes. Car ces espèces, par leur variété et leur spécificité, pollinisent davantage de plantes que leur cousine des ruches, moins sélectives.
Des poulets
«Pourtant, l’abeille sauvage reste le parent pauvre de la cause. Or, pousser sans cesse à l’élevage de l’abeille mellifère, c’est un peu comme soutenir l’élevage des poulets pour soutenir la santé des oiseaux en ville. Aider les apiculteurs, inciter à la production de miel, c’est bien. Mais quid du “marché” floral? Y a-t-il un risque à installer des ruches sur tous nos toits?» Ainsi, quelques plantes bien choisies sur votre balcon peuvent être un plat de résistance de choix pour ces insectes.
Et si on ne recense à Bruxelles que 10 % des espèces d’abeilles de nos régions, «il reste néanmoins des choses à voir en ville. Pas besoin des dunes ou des pelouses calcaires pour observer les abeilles. C’est ce que nous prouvons au “village”».
+ Le «Village des abeilles» se trouve sur le Campus de la Plaine, à Ixelles, sur le toit du «Forum» de l’ULB.
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